Ne pas forcément se fier au titre d’ouverture, Walk Like a Panther, dont les pas résonnent comme à l’intérieur de la scierie flippante de Twin Peaks, un entêtant gimmick à la John Carpenter en fond sonore, des promesses de coups au cœur à chaque détour de couplet. Pour le successeur de Algiers (2015), le trio power-sonique du charismatique Franklin James Fisher a intégré le batteur Matt Tong (Bloc Party) et remis son destin entre les pattes savantes d’Adrian Utley (Portishead), lequel s’est visiblement attaché à révéler encore plus l’âme soul de ses hôtes. Cry of the Martyrs et The Underside of Power sonnent ainsi comme d’authentiques morceaux Stax, remués dans un shaker avec des bris de verre mais gardant leur forme assez classique malgré les secousses.

Au milieu du disque, on aura même droit à une ballade au piano (Mme Rieux, rien à voir avec André) zébrée de guitares morriconiennes, qui dévoile un Fisher plus crooner que hurleur, la gorge enfin apaisée malgré les sabres que tente d’y faire passer Utley.

La réalisation de ce disque restera sans doute dans plusieurs décennies un témoignage précieux des confusions esthétiques de notre époque, mêlant références vintage (Suicide, The Pop Group) et emprunts sur le vif au grime, avec un léger parfum des productions Bristol 90 qui persiste et des sons anxiogènes un peu partout.

Si Fisher reste un rageux, et les sujets ne manquent pas (Trump, Black Lives Matter évoqué sur Cleveland, les relents d’apocalypse mis en scène sur le final The Cycle/The Spiral…), Algiers n’est pas une simple caisse de résonnance de la fureur environnante, ni un instrument de combat social pour tribuns simplistes. C’est avant tout un groupe en recherche d’une forme de beauté sous les décombres, et qui trouve dans la convulsion (Death March) ou la radicalité primitive (Animals) une pulsation vitale pour y parvenir.

Souvent impressionnant, The Underside of Power est l’équivalent contemporain (et américain) des premiers Tricky, avec cette artère d’effroi qui palpite vers un gros cerveau en pleine ébullition. Un peu trop puissant, sans doute, pour une époque où les albums ne s’écoutent plus en profondeur.


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