Elle est la chanteuse du groupe colombien Bomba Estereo. Li Saumet est une figure emblématique de la scène électro(picale) mondiale et revient cette année avec un nouvel album Deja (Ndlr: “Laisse”). Cet album se découpe comme les quatre éléments: l’eau, le feu, la terre et l’air. Un disque où la nature est omniprésente et qui est largement inspiré par le lieu de résidence de la chanteuse, sur la côte caraïbe colombienne, au pied du massif de la Sierra Nevada. Un lieu plein de magie, à la nature foisonnante que l’on retrouve dans les sons. Une fois n’est pas coutume, le groupe a décidé de sortir cet album pas à pas, élément par élément: une envie de respecter les rythmes de la nature justement. Rencontre avec Li Saumet.

 

On parle beaucoup de la nature ces temps-ci, c’est la pandémie qui  a inspiré le groupe?

Notre disque était presque prêt avant la pandémie, les chansons étaient enregistrées et il ne manquait plus que le travail de production. Nous avons profité du confinement en Colombie, qui a duré plus de cinq mois, pour écrire une chanson supplémentaire, mais surtout pour nous occuper de tous les arrangements et de la préparation des clips. Le thème de la nature, nous l’avions donc déjà en nous et cela faisait longtemps que l’on voulait l’aborder. Nous avions même imaginé une mise en scène pour nos concerts afin de jouer la fin du monde! Les chansons arriveraient pour parler de notre nouvelle opportunité sur terre… et voilà! Il faudra néanmoins attendre encore un bon moment pour les concerts, je pense.

Comment as-tu vécu cette synchronicité?

Pour nous, ça a été très fort. J’ai trouvé incroyable que, dans ce monde où l’on érige le bonheur dans la consommation, nous nous soyons retrouvé·e·s enfermé·e·s du jour au lendemain. Du coup, toute cette consommation est devenue complètement obsolète. Au milieu des réseaux sociaux ou du bombardement d’informations, parler de la nature et aborder certains sujets de façon plus transcendantale me paraît nécessaire. Pour notre avant dernier album, Ayo, nous avons travaillé très vite. Avec celui-ci, nous avons pris notre temps et nous avons fait la production nous-mêmes, avec les membres de Bomba Estereo, ce qui lui donne plus de force, je crois.

Pourquoi dévoiler cet album en quatre temps?

Aujourd’hui la musique latino-américaine est devenue très mainstream et elle marche toujours selon certains modèles. Mais la nature, elle, ne fonctionne pas comme ça: elle est régie selon des processus, des temps, et le fait de lancer l’album en 4 actes a pour vocation de rappeler cet équilibre. Chacun d’entre nous incarne, selon les moments de sa vie, un élément ou un autre. Parfois on se sent plus eau que feu ou plus air que terre. Et je crois que cet équilibre est un concept-clef pour l’être humain. Nous avons commencé par l’eau car c’est l’élément rénovateur. Nous sommes habitués à des rythmes très rapides presque frénétiques et, avec cette façon de sortir l’album, nous voulons que le public puisse prendre le temps d’apprécier les choses.

 

 

Il y a une autre femme qui apparaît dans cette album, l’artiste colombo-canadienne Lido Pimienta. Que vous a apporté cette collaboration?

Lido m’a beaucoup apporté, je la considère comme l’une des plus grandes artistes latino-américaines. Personnellement, j’avais le sentiment d’avoir perdu mon essence artistique au moment de notre rencontre, et notamment après notre album Ayo. Je suis allée à sa rencontre pour lui demander de l’aide. J’avais besoin, je crois, de travailler avec une autre femme. Avec Lido, nous avons fabriqué des mélodies, des voix, nous avons plein d’idées visuelles également. Les rencontres entre femmes sont nécessaires car elles apportent une énergie, non seulement de transformation, mais aussi de création. Dans le morceau Agua, le clip raconte un rituel où il n’y a que des femmes justement, et c’est ce message de solidarité féminine que nous souhaitons transmettre.

L’album s’intitule Deja. Qu’avez-vous appris à laisser et vers quoi souhaitez-vous aller?

Je crois que nous devons vraiment abandonner le monde que nous connaissions avant et entrer dans un monde différent. La façon dont nous consommons par exemple. Je pense également que cette année ne sera pas l’année où nous allons remonter sur scène. Mais nous sommes des êtres de lumière et il faut qu’on la retrouve, tou·te·s . L’artiste s’inspire de ce qui l’entoure parfois même de ce qu’il ou elle mange! Moi par exemple, je vis au milieu de la nature, à côté d’une rivière, et forcément c’est dans cet espace là que je vais chercher des sons ou mon inspiration. Le matin, je me lève et j’entends les singes hurleurs et les oiseaux, des sons qui raisonnent comme des mantras. J’ai l’impression de devenir un canal de ce qui m’entoure et qui me permet de créer.

Propos recueillis par Margot Loizillon, à Bogota


**************************
https://wp-test.cosavostra.com/wp-content/uploads/2021/03/Li_Saumet_Credit_-Jhoy-Suarez.jpg
**************************

**************************

**************************

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

SMTP_FROM: smtp@cosavostra.com